Valérie Rousseau
Sophrologue, Hypnothérapeute, Thérapies Brèves à Talence (Gironde)

Et si mon poids racontait mon histoire...


alimentation et émotions

Justine est en surpoids depuis l'enfance, sa mère a toujours été très envahissante, très contrôlante, alors le seul espace qui restait à Justine c'était la nourriture.  Véronique est née un an après son frère mort-né, depuis elle mange pour 2. Nadia subit les humiliations et parfois les coups d'un conjoint jaloux, alors elle grignote, elle grignote pour faire passer son malaise, sa peur. Peut-être que vous vous reconnaissez dans ces exemples, comme ces femmes vous vous réfugiez dans la nourriture, vous l'utilisez pour faire taire vos souffrances. 

Je vais ici aborder les différents types de mangeuses en surpoids à la lumière du rôle que joue pour chacune la nourriture. 

 

Il existe d'une part  les mangeuses qui cherche à atténuer un mal-être psycho-émotionnel:

Celle qui mange du réconfort. La nourriture représente le câlin, la consolation et calme les émotions. En se remplissant, elle comble un manque affectif profond. Plutôt que de pleurer, elle mange. 

Celle qui mange son anxiété. La nourriture est un moyen de mettre à distance pendant un moment tous les ressentis désagréables : nervosité, incertitude, crainte, tensions diverses. La nourriture joue un rôle d'anti-déprime.

Celle qui mange des réserves parce qu'elle vit dans la peur du manque et elle stocke les kilos. Souvent la personne a du mal à se séparer des choses, des gens, des situations et inconsciemment garde la graisse.

Celle qui mange pour se protéger. Son corps devient une armure pour faire face aux coups , aux insultes, ou aux agresseurs réels ou imaginaires. La personne a  vécu des abus, parfois oubliés, a subi des insultes, des coups et s'est créée progressivement une carapace protectrice.

Celle qui mange pour se défouler. Son corps est comme un punching-ball qui devient un espace pour libérer sa colère, ses ressentiments, son sentiment d'injustice, son stress. Souvent elle a des crise de grignotage ou de boulimie et dans ce cas les bruits, les gestes qu'il fait en mangeant vont lui apporter un apaisement.

Celle qui mange pour se dévaloriser. Plus elle mange et plus elle se sent moche et sale, inconsciemment elle cherche à maintenir cette mauvaise image d'elle-même. Elle a peut-être été humiliée enfant, rabaissée, son estime d'elle-même est très faible. 

Tous ces types de mangeuses  peuvent bien évidemment se cumuler chez une même personne.

 

Si l'on reprend le cas de Nadia, au départ elle mangeait du réconfort, à cela s'est ajouté par la suite le besoin de se protéger des coups, puis peu à peu en grossissant et face à son incapacité à quitter son bourreau elle s'est installée dans la dévalorisation. Quand elle est venue me voir , elle avait quitté son conjoint, mais elle portait toujours son armure de protection.  Elle mangeait car elle vivait toujours son traumatisme et continuer à se punir. Elle était entrée dans un cercle vicieux où le manque d'estime d'elle-même entretenait cet excès de poids.

Pour perdre du poids, elle a dû revisiter son histoire, se libérer de la souffrance liée à ses traumatismes, se redonner de l'estime et retrouver de la confiance en elle. Le travail thérapeutique s'est fait à raison d'une séance d'1h30 de tous les 15 jours sur une durée de 6 mois, avec en plus un équilibrage alimentaire et le démarrage d'une activité physique régulière.

 

Au delà de ces types de mangeuses, ce comportement étant plus répandu chez les femmes, on trouve aussi de nombreux comportements alimentaires où la nourriture joue un rôle détourné et non simplement nutritionnel.

Celui qui mange de manière addictive comme "l'accro au chocolat", souvent des aliments sucrés, ou des chips. Cet aliment est peut-être associé à une émotion ou un souvenir. Il mange une récompense.

Celui qui mange pour éprouver du plaisir. Il s'agit souvent des personnes qui aiment jouir des plaisirs de la vie en excès. Ils se déclarent épicuriens et veulent profiter à tout prix et parfois de manière abusive. 

Celui qui mange un temps de pause , une respiration. Il est à la recherche d'un moment de détente, d'un break. Il mange comme on fume une cigarette pour souffler.

Celui qui comble un ennui parce que sa vie est vide. En mangeant, il remplit son existence, il tue le temps. Manger devient un divertissement.

Celui qui mange de manière mécanique, sans trop réaliser la quantité et la qualité des aliments. Manger devient une habitude sans se poser la question des horaires . La personne mange tout le temps comme un automate. Elle est coupée de son corps.

 

Tous ces exemples de mangeurs et mangeuses compulsifs témoignent de ce lien puissant entre alimentation et émotions. C'est pourquoi,  tout désir de perte de poids doit s'accompagnement d' une prise de conscience du rôle que joue la nourriture dans la vie de la personne.  Une personne très anxieuse qui utilise la nourriture pour réguler son mal-être retombera inévitablement dans l'excès alimentaire à chaque pic de stress. De plus un régime non accompagné sur le plan psycho-émotionnel sera vécu comme un danger par le corps qui ne fera que stocker davantage après chaque période de réduction alimentaire. C'est ce que l'on appelle l'effet yo-yo qui entraîne sur le long terme une prise pondérale progressive et une plus grande difficulté à maigrir..

Décider de perdre du poids c'est accepter de s'ouvrir à son histoire, à ses blessures de vie, à sa façon de gérer son stress . C'est un travail thérapeutique lent et parfois difficile qui permet de déposer progressivement le poids de son histoire pour retrouver un corps à sa juste forme. 

 


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